Agenda

Conférence de Frank Wilhelm : Victor HUGO réfugié politique au GDL en 1871 (org. AVEK)

06/03/2025 19:30

 


Victor HUGO réfugié politique au GDL en 1871

Un petit pays indépendant confronté à une situation conflictuelle peu compatible avec la neutralité politiquement imposée et avec la traditionnelle réserve des Luxembourgeois 

Conférence-projection de Frank WILHELM

Professeur émérite de l’Université du Luxembourg Jeudi 06 mars 2025 à 19h30 au Lycée de Garçons d’Esch


Synopsis

Après une jeunesse marquée par sa mère royaliste, puis par son père républicain et bonapartiste, l’écrivain, artiste et homme politique Victor HUGO (1802-1885) quitta peu à peu les rangs conservateurs et se rapprocha d’abord des libéraux, des démocrates. En 1851, quand le président élu de la République Louis-Napoléon Bonaparte prolongea son mandat par un coup d’État, Hugo rejoignit définitivement les républicains. Pendant son exil (1851-1870), il traversa plusieurs fois le Grand-Duché (Clervaux, Vianden, Mersch Luxembourg, Echternach) comme touriste curieux d’histoire et observateur critique. En 1871, l’année de la guerre perdue par le Second Empire contre la Prusse, de la perte de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine et, surtout de l’insurrection populaire et collectiviste de la capitale appelée Commune de Paris, Victor Hugo eut à défendre des positions délicates : opposition rigoureuse contre les exécutions sommaires d’otages ou d’autres victimes des deux camps, défense des droits humanitaires sous forme de procès équitables, respect des femmes et des enfants, conciliation des idées et réconciliation des hommes. Vaste programme et question épineuse. Ce que l’on appellerait de nos jours la « Droite » reprochait à Hugo d’avoir trahi ses premières convictions, la « Gauche » voyait en lui, au fond, un conservateur qui croyait encore en Dieu. Comme il venait d’être expulsé de Bruxelles, où il avait offert symboliquement aux communards en fuite l’asile politique dans son appartement, Hugo ne pouvait plus rentrer à Paris où le très réactionnaire « gouvernement de Versailles » présidé par Adolphe Thiers aurait pu le poursuivre, Hugo se décida, dans l’urgence, à revenir au GDL. Il y fut autorisé par le Gouvernement présidé par Emmanuel Servais, à condition de s’abstenir de toute déclaration politique, ce qu’il ne fit pas.

La conférence-projection exposera la situation de notre pays, qui avait risqué l’annexion par Napoléon III en 1867, année de son indépendance assortie de l’obligation de neutralité. Politiquement, notre souverain Guillaume III était proche de l’Allemagne, la population, encore essentiellement rurale avant le grand essor de la sidérurgie, avait connu une certaine forme d’émigration vers la Belgique et surtout la France. Mais, ce qui était arrivé à Paris, les crimes à outrance dans les deux camps, les dizaines de victimes de la guerre civile, les incendies et les actes de sabotage, inspirait à la plupart de nos ancêtres incompréhension et appréhension. Comme sources permettant de reconstituer cette époque tendue, le conférencier s’appuiera sur le carnet de voyage du réfugié et sa correspondance, sur des documents officiels, des échos de la presse nationale et internationale, des témoignages de personnes qui ont pu l’approcher. En 1871 il a séjourné une semaine dans la capitale, deux mois et demi à Vianden, quelques jours à Diekirch, trois semaines pour une cure à Mondorf. Il n’est plus revenu au GDL mais restait en contact avec les milieux libéraux : il n’y avait guère de républicains luxembourgeois.

frank.wilhelm@victor-hugo.lu